By: Joe Thompson, Rédacteur en chef, Canadian Metalworking
Ne vous méprenez pas, une autre révolution industrielle est en marche.
Cette fois, ce n'est pas la révolution de la machine à vapeur au charbon, que détestait tant l'écrivain anglais Charles Dickens, c'est une révolution issue de la numérisation de la fabrication.
Cette industrie 4.0 comme on l'appelle - la quatrième révolution industrielle - résulte de la fusion des méthodes de fabrication traditionnelles avec les systèmes numériques de pointe. C'est, fondamentalement, l'informatisation de la fabrication.
Autrement dit, l'Internet des objets (IdO). L'IdO est un ensemble de systèmes, de produits et de choses - les objets - auxquels on peut attribuer une adresse IP et qui permettent la communication sans fil machine-machine sans interaction entre humains. On dit souvent de ces objets qu'ils sont « intelligents ».
De tels objets intelligents sont rendus possibles grâce aux progrès de la puissance de calcul et de la miniaturisation des composants informatiques.
La fin du jeu est très complexe, et le voyage pour y arriver le sera aussi. Après la quatrième révolution industrielle, une pièce communiquera en chemin avec chaque opération et processus. En d'autres termes, les installations de production d'un avenir pas trop lointain contrôleront - et optimiseront - elles-mêmes les processus de fabrication.
Même si ce progrès technologique signifie que les systèmes de fabrication deviendront plus puissants et plus flexibles - une bonne chose pour les fabricants canadiens - il annonce aussi que l'équipement sera coûteux, complexe, et pourrait devenir obsolète plus rapidement.
Peu importe le type d'équipement acheté, ou les types de pièces produites, des thèmes communs commencent à s'imposer. Plusieurs tendances émergeront. Ce sont la fabrication en nuage, l'automatisation et la croissance continue de la fabrication additive.
Fabrication en nuage
Si vous avez un navigateur Web, vous avez tous les logiciels qu'il faut. Le nuage peut faire le traitement et le stockage pour vous. Les systèmes ERP (progiciel de gestion intégrée), CRM (gestion de la relation client) et CAO/FAO sont simplement des logiciels, et ils peuvent tous résider dans le nuage et être exécutés de là.
Si des éditeurs de logiciels n'utilisent pas le nuage, on peut se demander s'ils seront là encore longtemps. Les entreprises d'avant-garde tirent profit du nuage.
Le volume de données croît à un rythme phénoménal, et, pour de nombreuses firmes, le nuage peut être l'endroit où stocker toutes ces données.
L'infonuagique utilise un réseau de serveurs Internet hébergés ailleurs pour communiquer, stocker et manipuler des données, au lieu de dépendre d'un système local câblé. Les applications informatiques en infonuagique sont accessibles par un navigateur Web ou même une app mobile, mais le logiciel et les données sont stockés à un emplacement distant. L'accès à ce logiciel et à cette information peut donc se faire de n'importe où et en tout temps.
Imaginez de pouvoir ouvrir et modifier à distance des fichiers volumineux de CAO depuis vos installations de fabrication. Pensez aux gains de puissance et de flexibilité que générerait la même capacité avec vos progiciels de gestion intégrée (ERP) ou de gestion de la relation client (CRM).
Pour comprendre et apprécier vraiment les avantages de l'infonuagique, il importe de comprendre les composants de base du nuage : bande passante rapide, navigateur Web et grands parcs de serveurs.
Bande passante rapide
Au lieu de déplacer chaque seconde une quantité de données équivalant à quelques lignes de texte, ce qui arrivait du temps d'Internet par ligne commutée, vous pouvez maintenant déplacer l'équivalent d'un livre par seconde.
Navigateur Web
Le navigateur Web, que ce soit Internet Explorer, Chrome ou Firefox, est le premier point d'entrée de nombreuses applications logicielles à la fois pour la maison et le bureau. Ces produits accélèrent et facilitent l'entrée dans Internet et l'accès à la lecture et la manipulation des données.
Grands parcs de serveurs
Les grands parcs de serveurs, comme ceux du magasin en ligne Amazon, n'utilisent qu'une faible partie de leur puissance durant l'année. La firme est très occupée pendant la période de Noël, mais les systèmes sont peu utilisés le reste de l'année. Elle vend maintenant du temps sur ses systèmes pour compenser les coûts de fonctionnement énormes de centaines de milliers d'ordinateurs. Cette puissance est la colonne vertébrale du nuage.
Automatisation
L'automatisation de toute sorte changera la culture d'une firme. La possibilité de fonctionner totalement dans un environnement informatique à surveillance réduite (lights-out) dépend aussi de la fiabilité de l'automatisation. Et, même si chaque installation d'automatisation est différente, elle n'est plus limitée à des applications nécessitant d'énormes lots.
On verra cette année une augmentation des installations de véritables systèmes lights-out qui peuvent se surveiller eux-mêmes et faire des ajustements instantanés, éliminant pratiquement les pièces hors-tolérances.
Le partage de données et les ajustements des processus en temps réel ont également « bouclé la boucle » de l'usinage pour créer des systèmes permettant de s'adapter eux-mêmes automatiquement à l'évolution des variables, comme l'usure des outils et les changements de température.
L'automatisation sur du matériel nouvellement acquis et pour une amélioration propulsera la productivité canadienne à de nouveaux niveaux en 2016 et au-delà.
Fabrication additive
La fabrication additive, ou impression 3D comme on l'appelle familièrement, est peut-être la technologie de fabrication la plus intéressante depuis la création de la commande numérique par ordinateur.
Le véritable avantage des procédés de formation de couches est que toute forme concevable qui peut être créée dans un logiciel de CAO 3D peut réellement être produite. Il n'y a plus de restrictions à la création de structures creuses, de formes géométriques complexes, et de compositions libres.
Ces machines avaient la réputation de produire des pièces uniques et des prototypes, et bien que cela soit encore vrai, la production de petites séries et l'ingénierie inverse sont de plus en plus populaires. Les implants médicaux, la technologie dentaire, et les pièces d'avion sont souvent basés sur de la construction légère qui fait appel au titane et stimuleront l'utilisation de cette technologie.
En fait, la fabrication additive est peut-être prête à entrer vraiment en scène. Elle devient assez mûre pour produire des composants fonctionnels, et de nombreuses industries l'adoptent rapidement.
Les entreprises qui choisissent les technologies et les machines convenant le mieux à leurs clients continueront de croître et de dominer leur marché. Cela ne changera pas dans les ateliers de demain. La seule chose qui changera... c'est la technologie.
Joe a mis à jour son billet de 2015 pour refléter les tendances émergentes de la fabrication en 2016. Suivez-le sur Twitter à @cmjoethompson.