Voici Jim Leslie, un agriculteur prospère de Portage-la-Prairie qui a travaillé toute sa vie dans le domaine de l’agriculture.
L’histoire agricole de Jim ressemble aux aspirations d’une vie meilleure que les parents ont pour leurs enfants. Il a hérité de la ferme familiale de son père, et l’a agrandie en une entreprise à rendement plus élevé. Jim a réussi pour deux raisons : il a su s’adapter et a tiré profit des récentes tendances en agriculture.
Il cultive les oléagineux et les céréales par cycles pour tenir compte des tendances des cultures et il utilise de nouvelles technologies pour créer une exploitation agricole plus efficace et à revenus plus élevés. Et en examinant l’industrie de l’agriculture canadienne, nous pourrons voir que Jim a adopté la bonne manière de procéder.
Selon le Recensement de l’agriculture 2011, le nombre d’exploitations agricoles canadiennes a baissé de 10 % depuis 2006; toutefois, la taille des exploitations – la superficie moyenne et les fermes ayant des revenus agricoles bruts supérieurs à 500 000 $ – est à la hausse, particulièrement dans les Prairies.
Les agricultures réussissent en effet à tirer plus de revenus de leurs cultures. Pendant une période de 10 ans (2000 à 2010), le ratio moyen entre les dépenses et les revenus – le coût de chaque dollar gagné – a baissé à l’échelle nationale, passant de 0,87 à 0,83, ce qui signifie que pour chaque dollar gagné, les agriculteurs ont dépensé 0,83 $.
À partir de cette information, nous pouvons déduire ce qui permet à un agriculteur des Prairies de réussir : des exploitations à superficie accrue qui génèrent des revenus élevés – plus de 500 000 $ – en mettant l’accent sur la diminution des coûts grâce à des améliorations novatrices des processus.
Cela est une bonne nouvelle et est très intéressant et, bien entendu, tous les agriculteurs souhaitent réussir, mais comment passent-ils de la petite exploitation agricole à une exploitation à haut rendement ? Me fondant sur Jim et sur deux rapports utiles concernant les tendances agricoles canadiennes – un du George Morris Centre (en anglais seulement) et l’autre du Conference Board du Canada 1 (en anglais seulement) – j’ai déterminé quatre moyens que les agriculteurs des Prairies peuvent utiliser pour passer à la prochaine tranche de revenus. Il faut toutefois garder à l’esprit que même si cette liste vous orientera concernant les questions agricoles à l’échelle macro, chaque ferme nécessite des ajustements particuliers en vue d’une exploitation optimale.
1. Produire des cultures appropriées
Les exploitations de produits laitiers, d’oléagineux et de céréales font le plus de profits alors que les exploitations de moutons et de chèvres perdent de l’argent. Cela ne signifie pas que toutes les fermes de produits laitiers, d’oléagineux et de céréales sont rentables ni que toutes les fermes de moutons et de chèvres sont dans le rouge, mais ne vous lancez pas dans l’exploitation d’une ferme de moutons et de chèvres en vous attendant à faire de gros profits.
Beaucoup de facteurs contribuent à ces ratios, notamment les rendements de culture, les conditions du marché, le prix des intrants et les technologies. Ces facteurs peuvent faire en sorte qu’une exploitation agricole réussisse ou non chaque année. L’élaboration d’un système de gestion des risques dynamique aidera à atténuer les conditions du marché défavorables, les rendements de culture et les prix des entrants.
2. Gérer votre exploitation efficacement
Bien que le type de culture soit important, la stratégie de gestion est un avantage concurrentiel pour l’agriculteur, et l’industrie agricole le sait. Le Conference Board du Canada a constaté que les agriculteurs canadiens considèrent une meilleure commercialisation et des coûts d’exploitation réduits comme leurs principales priorités. Les agriculteurs avisés doivent faire preuve de créativité pour atteindre ces deux objectifs, et ceux qui y parviennent sont souvent ceux qui enregistrent des profits.
Meilleure commercialisation
Les formes traditionnelles de commercialisation (office de commercialisation ou syndicat du blé) ne sont pas disparues, mais n’ont pas la même vitalité qu’au cours des dernières décennies. Les agriculteurs des Prairies ne sont plus seulement des producteurs. Ils sont aussi maintenant des marchands. Et, pour maximiser les profits, ils doivent établir une stratégie de commercialisation davantage axée sur les consommateurs qui répondra à certaines questions importantes. Principalement, sans office de commercialisation, comment trouveront-ils des acheteurs ? Et comment détermineront-ils les prix ?
La combinaison de la vente directe à l’acheteur et de la diversification des marchés de vente constitue une solution. L’utilisation des contrats à terme en est une autre.
Avec la diversification de la vente directe à l’acheteur, les agriculteurs recherchent leurs propres acheteurs. Ils contournent les marchés aux enchères et les offices de commercialisation, empochant l’argent habituellement réservé pour les frais. C’est une tendance relativement récente qui a permis aux agriculteurs de maximiser leurs revenus.
Dans le cadre des contrats à terme, aussi appelés contrats à terme de gré à gré ou vente directe, les agriculteurs et les acheteurs s’entendent sur un prix de vente avant que les récoltes entrent sur le marché. Bourses de marchandises – ressemblent au marché boursier – aident à déterminer les prix.
Points positifs : les contrats à terme aident à atténuer les risques dans les marchés volatils et à appliquer des ententes à haut rendement conclues par les agriculteurs pendant les périodes de pointe de prix. Points négatifs : les prix des contrats à terme peuvent être inférieurs à la valeur du marché, ce qui abaissera les profits.
Réduire les coûts d’exploitation
Les agriculteurs ne peuvent contrôler les prix des intrants, mais peuvent choisir comment ces prix auront des conséquences sur leur bilan. Par exemple, prenons l’un des intrants les plus importants – si ce n’est pas le plus important – pour la réussite d’un agriculteur : le terrain.
Passer à la prochaine tranche de revenus dans les Prairies nécessite un accroissement des biens-fonds, mais leur disponibilité est en baisse alors que la demande et les prix augmentent. Et malgré les avantages en matière d’investissement que présente la propriété, l’accumulation de dettes peut nuire à n’importe quelle exploitation. La solution : de plus en plus d’agriculteurs louent ou prennent à crédit-bail plus de biens-fonds. De 2006 à 2011, la location de biens-fonds par les agriculteurs canadiens a augmenté de 10 %, alors que la propriété de biens-fonds a baissé de 6 %.
Ces nombres ne sont pas exorbitants, mais l’exemple des prix des biens-fonds illustre un point important : alors que la tendance des exploitations à superficie accrue au Canada est à la hausse, les agriculteurs doivent gérer leurs intrants de manière créative pour lutter contre la hausse des prix.
3. Adopter les technologies et avoir le bon équipement
Il s’agit de quelque chose de simple. Avoir un plus gros équipement et plus d’innovations – technologie de conduite assistée, GPS et cueilleuses mécaniques – permet d’accroître la productivité. Autrement dit, les agriculteurs peuvent en faire plus avec moins, tout en réduisant les coûts.
Les agriculteurs qui ont le bon équipement pourront aussi mieux tirer profit des tendances agricoles. La récolte exceptionnelle record de 2013 en est un bon exemple. La production de céréales au Canada (et, dans une moindre mesure, à l’échelle mondiale) ayant atteint de nouveaux sommets en 2013, le marché était sursaturé, entraînant un surplus de céréales et une baisse des prix. N’ayant pas d’installations d’entreposage additionnelles de céréales pour conserver les récoltes en vue d’une saison plus rentable, certains agriculteurs ont perdu leurs céréales.
Parfois, un agriculteur a le bon équipement par un coup de chance. La plupart du temps, il l’a parce qu’il remarque les tendances et les conditions des récoltes, et qu’il planifie en conséquence.
4. Utiliser des économies d’échelle et un fort pouvoir d’achat
D’accord, soyez patient avec moi alors que j’explique rapidement une notion d’économie.
Les entreprises – ou dans le présent cas, les exploitations agricoles – réduisent leur coût unitaire alors qu’elles augmentent en taille en raison de ce qui s’appelle les économies d’échelle, ou, en d’autres termes, le pouvoir d’achat. Voici deux exemples pour mieux illustrer ce concept.
Faible pouvoir d’achat
Votre budget d’épicerie est serré cette semaine, s’élevant à seulement 16 $, mais vous avez besoin de quatre morceaux de poulet pour un souper que vous avez prévu. Vous vous rendez chez votre épicier local et achetez quatre morceaux de poulet pour 16 $. Vous maugréez à propos du prix ridiculement élevé du poulet – vous venez de dépenser 4 $ pour chaque morceau – mais vous avez fait l’achat quand même, car vous n’avez pas le choix. Avec un faible pouvoir d’achat, vos coûts unitaires sont élevés.
Fort pouvoir d’achat
Vous avez eu une augmentation au travail la semaine suivante et avez maintenant un budget d’épicerie de 40 $. Vous décidez de préparer le même souper que celui de la semaine dernière. Disposant d’une plus grande somme, vous vous rendez au magasin d’aliments en vrac et achetez 20 morceaux de poulet pour 40 $. Vous obtenez une quantité suffisante de poulet, et avez seulement payé 2 $ par morceau. Oui, vous avez seulement besoin de quatre morceaux pour votre repas, mais vous congelez les restants pour d’autres soupers. En dépensant plus d’argent immédiatement, vous réduisez vos coûts à long terme de moitié (4 $ par morceau de poulet à l’épicier local, 2 $ par morceau au magasin d’aliments en vrac). Avec un fort pouvoir d’achat, vos coûts unitaires sont maintenant bas.
Maintenant, appliquez cette théorie à un contexte agricole. Les grandes exploitations agricoles achètent des intrants agricoles en vrac parce qu’elles peuvent se permettre de dépenser plus d’argent immédiatement afin d’épargner à long terme, alors que les petites entreprises ne peuvent se le permettre. Ce qu’il est important de retenir : lorsque les fermes prennent de l’expansion, leur coût unitaire diminue, entraînant potentiellement une hausse des profits.
L’achat du bon équipement et l’achat en vrac nécessitent des capitaux importants – que les agriculteurs n’ont pas toujours sous la main. De la même manière que les options de financement – location, prêt ou crédit-bail – sont une solution aux dépenses croissantes en immobilisations pour des biens-fonds, elles peuvent être utiles ici aussi. Chaque option a ses propres avantages.
Le marché agricole du Canada est en constante évolution, et les agriculteurs des Prairies doivent s’adapter pour que leur exploitation agricole demeure prospère. Les agriculteurs comme Jim sont des chefs de file de l’industrie parce qu’ils reconnaissent les tendances et savent adapter des solutions pour leur ferme.
Visionnez l’histoire de Jim et apprenez-en plus.
1 Bien que le rapport du Conference Board du Canada, Seeds for Success: Enhancing Canada’s Farming Enterprising, ait conclu que la « zone idéale » pour la rentabilité agricole se situe entre 250 000 $ et 499 999 $, le rapport a aussi observé que les exploitations dont les revenus sont plus élevés constituent un pourcentage croissant des groupes les plus rentables.
Tags: Agriculture
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