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Garth Myers

Des ordures qui valent leur pesant d’or

Dans les Maritimes, il n’est pas facile d’être propriétaire d’entreprise de nos jours.

Ces provinces subissent encore les contrecoups de la crise de crédit de 2008 et doivent affronter quantité d’autres difficultés propres à la région.

Une économie encore sous le choc

« Tous les jeunes s’en vont travailler dans l’Ouest », souligne Becky Howard, une directrice de comptes de CWB National Leasing qui a travaillé pendant de nombreuses années avec les propriétaires locaux d’entreprises. « Nous avons désormais une population vieillissante et il s’avère difficile de retenir de jeunes entrepreneurs. »

Becky fait référence à la migration des jeunes et de la main-d’œuvre régionale valide vers la Saskatchewan et l’Alberta, des provinces toujours en quête de travailleurs dans leurs secteurs florissants de l’économie. Et ces travailleurs ne font que répondre à la demande.

« Il y a moins d’activités commerciales ici (dans les Maritimes) et moins de demandes de propositions », ajoute Becky. Les grandes entreprises peuvent encore rivaliser en affaires, mais les petites entreprises se débattent pour garantir du travail. » Et comme les petites et moyennes entreprises représentent 98 pour cent de toutes les entreprises canadiennes, il est clair qu’elles ont un impact sur la main-d’œuvre locale, tout particulièrement dans une région où près de 45 pour cent de la population habite en zone rurale, des secteurs où les petites entreprises connaissent souvent la prospérité. Pour mettre les choses en perspective, le reste du Canada compte un taux d’occupation rurale de près de 20 pour cent.

Mais tout n’est pas si sombre pour les Maritimes. Ses circonstances uniques forcent les entreprises à explorer des moyens inusités de survivre.

L’entreprise n’a pas mauvaise odeur... en quelque sorte

Garth Myers est le propriétaire de l’entreprise de collecte de déchets Myers Industries, sur l’Île-du-Prince-Édouard. Garth a démarré cette entreprise en 1995, après qu’un ami lui ait donné un vieux camion pour la collecte des ordures.

« J’avais remarqué que le type qui faisait la collecte des ordures dans la région avait vendu son entreprise de transport des déchets alors, avec ce vieux camion que mon ami m’avait donné, nous avons commencé à aller frapper aux portes... Personne ne nous a pris vraiment au sérieux. »

Près d’un an plus tard, Garth entre en contact avec une entreprise de crédit-bail régionale afin d’étudier les options de mise à niveau et de louer un nouveau camion pour 750 $ par mois.

« Ils ont cru en moi et m’ont donné une chance », souligne Garth. Et comme les revenus totaux de Myers Industries étaient alors de 750 $ par mois, lui et le bailleur ont pris un énorme risque. Ce camion a contribué à transformer l’entreprise de Garth d’une entreprise mineure en une exploitation en pleine croissance.
 

Gauche à droite : Clinton Myer, le fils de Clinton, Becky Howard, Garth Myers

Gauche à droite : Clinton Myer, le fils de Clinton, Becky Howard, Garth Myers
 

Une entreprise familiale à succès

Vingt ans plus tard, Myers Industries est une histoire à succès, et la famille de Garth y a joué un rôle intégral pendant toutes ces années.

Diane, l’épouse de Garth, son fils Clinton et ses filles Paula et Megan ont tous travaillé pour l’entreprise d’une manière ou d’une autre. Diane s’est occupée de la comptabilité pendant les 15 premières années et elle a obtenu son permis de conduire de camions lourds, prenant le volant lorsque cela s’avérait nécessaire. Pendant ce temps-là, les trois enfants faisaient équipe les samedis pour la collecte d’ordures dans des villages plutôt que de profiter de leurs jours de congés après une semaine à l’école.

Aujourd’hui, Garth et Clinton gèrent les opérations, Diane s’occupe encore à l’occasion de la comptabilité, les filles de Garth sont parties dans l’Ouest et les activités commerciales se sont intensifiées depuis la location de ce premier camion. Myers Industries ramasse les ordures de 9 000 maisons à l’année longue et de 1 800 chalets pendant les mois d’été, sans compter un grand nombre de bennes à rebuts commerciaux et de construction à chaque semaine. Garth possède aussi une flotte de 16 camions et emploie 20 personnes.

Ça n’est pas une entreprise de Chanel No 5, même si c’est très odorant.

La croissance en période d’instabilité

Malgré la migration de la main-d’œuvre vers l’Ouest et les prévisions de morosité de l’économie à l’Île-du-Prince-Édouard, Myers Industries poursuit sa croissance. De quel avantage concurrentiel Garth jouit-il ? Il dote ses employés du meilleur équipement et de la meilleure atmosphère de travail possibles dans une industrie où les conditions sont parfois moins favorables.

« Ça n’est pas une entreprise de Chanel No 5, même si c’est très odorant », plaisante Garth. « Mais vraiment, s’il tombe quatre centimètres de pluie, je sais que nos gars ne seront pas de retour avant que le travail soit terminé parce que nous leur fournissons le meilleur équipement qui soit. »

Il n’y a qu’un certain montant d’ordures à ramasser. Et Garth le sait bien. C’est pourquoi il s’est lancé dans d’autres secteurs de l’industrie de la collecte des ordures.

Il y a quatre ans, il a acheté un centre de remboursement du nom de Cash In Depot et, en novembre 2014, il a acquis une entreprise de toilettes mobiles du nom de Throne Depot. Tout comme la location du nouveau camion qui a contribué à l’expansion de son entreprise de collecte des ordures, Garth a misé sur le crédit-bail une fois de plus. Il a loué une cisailleuse de 20 000 $ auprès de Becky et de CWB National Leasing pour déchiqueter les métaux non ferreux courants comme l’aluminium et le cuivre dans ses installations de recyclage. Il a aussi loué une machine d’assainissement pour nettoyer ses toilettes mobiles.

Aujourd’hui, Cash In Depot représente près du tiers des revenus de Myers Industries et emploie trois personnes. Un nombre modeste par rapport au volet de collecte des déchets, mais ce sont trois personnes de moins qui partent vers l’Ouest. Pour ce qui est de Throne Depot, Garth a des plans d’expansion. Il prévoit travailler en collaboration avec Becky et louer bientôt davantage de toilettes... ou de trônes.

 

Cash In Depot's new sheer
 

Trois éléments de la réussite de Garth

Ce n’est pas tout le monde qui peut lancer une entreprise de collecte de déchets (et peut-être que peu de personnes voudraient le faire), mais la voie de la réussite de Garth n’est pas inusitée pour les propriétaires de petites et moyennes entreprises, quelle que soit l’industrie. Les conseils suivants aideront la plupart des propriétaires d’entreprise à accroître leurs résultats nets.

Prendre des risques et saisir l’occasion

Garth n’était pas du genre à se contenter de peu. Même si cette phrase relève du cliché, « il a vu une occasion se profiler à l’horizon et il l’a saisie ». C’est exactement ce qu’il a fait. Il a risqué son emploi de l’époque (il travaillait dans le secteur des ventes de l’industrie de l’épicerie avant la collecte de déchets), il a risqué son avenir financier (en louant un camion à ordures neuf en échange de versements mensuels correspondant à son revenu total de l’époque) et il a risqué son avenir en misant sur une économie incertaine.

Il a financé son entreprise

Garth attribue une grande partie de sa réussite au crédit-bail d’équipement. Comme il ne répondait pas aux exigences financières rigides d’un prêt bancaire, il lui restait peu d’options de financement. Une entreprise de crédit-bail a été la première institution financière à lui accorder une chance parce qu’à son avis, ils croient dans le potentiel des personnes et pas seulement des entreprises.

« Je suis pas mal convaincu que si j’éprouvais des difficultés, aussi longtemps que je communique d’avance avec l’entreprise de crédit-bail pour leur expliquer ce qui se profile à l’horizon, ils collaboreraient avec moi sans nuire à mes antécédents en matière de crédit », souligne Garth.

Il a développé son entreprise

Garth n’avait pas l’intention de s’arrêter à Myers Industries lorsqu’il conduisait son vieux camion à ordures en 1995 et il n’avait pas l’intention de se limiter à près de deux douzaines d’employés et 16 camions. Au lieu de cela, il a acquis deux nouvelles entreprises et développé ses opérations. Ces acquisitions exigeaient de l’audace compte tenu de l’économie chancelante, mais son pari a porté fruit. Aujourd’hui, ses profits et son potentiel de gains ont augmenté.

Sur une note finale

Il est très rare que des entreprises maintiennent une atmosphère favorable à la réussite. Bon nombre d’entre elles éprouvent des difficultés et très peu réussissent. Des entrepreneurs comme Garth, qui financent les occasions de croissance de leur entreprise et qui prennent des risques et saisissent les occasions qui se présentent à eux, augmentent leurs chances de réussite même dans des circonstances difficiles.

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